Image Credit: Simone D. McCourtie / World Bank

À la suite du séisme de Gorkha survenu le 25 avril 2015, l’ISET-­Nepal a contribué à influencer les débats publics sur la meilleure façon de remettre sur pied les collectivités afin de répondre à leurs besoins immédiats en matière de reconstruction ainsi qu’à leurs besoins à long terme en matière de prospérité et de durabilité. 

CONTEXTE — Après le séisme de Gorkha de 2015, de nombreuses collectivités du Népal ont dû être relocalisées. Des fissures dans les terres avaient rendu ces régions vulnérables aux glissements de pentes et de terrains. Dans ce contexte, le concept d’« village intégré » est devenu une stratégie potentielle sur laquelle centrer les efforts de relèvement et de reconstruction après le séisme. Le gouvernement et les agences de développement au Népal peinaient depuis longtemps à développer des services de base dans les villages ruraux très dispersés dans les collines et les montagnes. On a donc cru que relocaliser la population des villages endommagés par le séisme à des endroits plus sécuritaires, tout en investissant dans le développement d’infrastructures et de services à ces nouveaux endroits, pourrait faciliter la reconstruction.

Le vice­président de la Commission nationale de planification du Népal a tout d’abord fait valoir le concept de village intégré dans un article paru dans un grand quotidien népalais. À la suite de l’article, le public a exprimé son soutien, dans la presse écrite et les médias électroniques du pays, à la construction de nouveaux villages qui offriraient des commodités, y compris le transport, l’eau, la salubrité, l’énergie, la santé et l’éducation. Toutefois, il y a eu des lacunes importantes quant à la manière dont la Commission nationale de planification a conçu la mise en oeuvre de cette approche. On n’a pas consulté les citoyens sur leurs aspirations concernant la reconstruction de leurs foyers et de leurs villages, et on a négligé des enjeux comme le contexte culturel, les moyens de subsistance, les possibilités de génération de revenus et les liens sociaux. L’ISET-­Nepal a décidé d’explorer ces lacunes afin d’aider à déterminer la meilleure façon de mobiliser le pays à l’égard des efforts de relèvement après le séisme.

CE QUE ISET-NEPAL A FAIT — L’ISET-­Nepal a reconnu qu’il ne suffisait pas d’avoir un village physique solide pour automatiquement créer des collectivités prospères et durables. Il faut plutôt intégrer les éléments de subsistance, les institutions et les liens socioculturels auxquels sont attachés les collectivités népalaises. Ce concept s’explique le mieux par le terme népalais surakshitthath­thalo, qui signifie « propriétés et moyens de subsistance résistants ».

L’ISET-­Nepal a d’abord consulté différentes parties prenantes, et a tenu des discussions avec des chercheurs, des professionnels du développement et les médias pour soulever ces enjeux. Il a ensuite établi un partenariat avec un groupe de radio communautaire pour enregistrer les réflexions des survivants sur les villages résilients et sur la façon qu’ils imaginent leurs nouvelles propriétés familiales. Dans le cadre du processus, on a interrogé 500 personnes, y compris des victimes, des dirigeants communautaires, des spécialistes du développement et des professionnels, dans huit districts gravement touchés. Ces répondants ont tous souhaité que leurs nouvelles propriétés familiales comprennent un abri sûr pour les membres de leur famille et leur bétail en cas de séisme. Ils imaginaient des installations d’entreposage de fourrage et de nourriture, des terres et des ressources naturelles pour soutenir la production agricole et animale, des entreprises reliés à la ferme et des industries artisanales – tous des éléments essentiels pour leurs propriétés familiales et leur village. Ils voulaient que surakshitthath­thalo offre l’accès aux services de base tout en favorisant la solidarité communautaire et en respectant les traditions et les pratiques. Ces résultats ont servi à produire dix programmes radio ayant été diffusés toutes les semaines pendant deux mois et demi par douze stations de radio communautaires situées dans des endroits touchés par le séisme.

Ces programmes radio ont placé la notion de surakshitthaath­thalo au centre des discussions publiques sur la meilleure façon de poursuivre la reconstruction. Cela a contribué à l’instauration d’un débat constructif sur le concept de village physique intégré, plutôt qu’à l’acceptation pure et simple de ce concept comme unique approche au relèvement et à la reconstruction. L’ISET-­Nepal a soutenu qu’une approche de reconstruction globale permettrait aux collectivités de « rebondir » plus rapidement après les catastrophes naturelles.

RÉSULTATS — Grâce aux efforts de l’ISET-­Nepal, la Commission de planification nationale, les ministères gouvernementaux, les acteurs non gouvernementaux et les professionnels du développement ont commencé à utiliser le concept de surakshitthaath­thalo dans leurs conversations sur le relèvement et la reconstruction. De même, les médias imprimés et électroniques nationaux ont fréquemment utilisé le terme dans leurs reportages et leur couverture des débats publics. Le concept semble aussi avoir été adopté à l’échelle communautaire. En janvier 2016, les chercheurs d’ISET-­Nepal ont pris part à une réunion communautaire sur la reconstruction des villages endommagés dans le district Sindhupalchok planifiée par une organisation de la société civile locale. Dans cette collectivité, les gens avaient pris l’initiative de créer des comités de reconstruction communautaires et élaboré des plans pour la reconstruction des villages endommagés, étayés par une approche de surakshitthaath­thalo

L’instabilité de l’environnement politique au Népal fait en sorte qu’il est difficile de prévoir si l’Autorité de reconstruction nationale (NRA) – l’institution créée par le gouvernement du Népal pour coordonner le relèvement et la reconstruction après le séisme – intégrera l’approche de surakshitthaath­thalo aux efforts de reconstruction qu’elle supervise. À tout le moins, l’ISET­-Nepal s’attend à ce que l’essence du concept survive dans le discours sur la reconstruction. L’ISET-­Nepal prévoit faire un suivi pour voir dans quelle mesure le concept de surakshitthaath­thalo influencera le NRA lorsque l’institution commencera à concrétiser et à mettre en oeuvre les activités de relèvement et de reconstruction dans les établissements ruraux. 

Pour en savoir plus sur l’ISET­Népal, consultez le site http://isetnepal.org.np

Renseignements de base

Date Established:
2001

« Nous considérons que l’encouragement de tels débats fait partie de notre rôle comme institut de recherche en politiques publiques national. Il est de notre devoir de discuter avec les membres des collectivités à l’échelle locale et avec les hauts responsables des politiques afin de produire des données probantes pour informer et influencer les deux groupes. » Ajaya Dixit, directeur général d’ISET­-Nepal.
Kathmandu, Népal
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