Source : Gender at Work

[Ce blogue fait partie d’une série de blogues, Walking the Talk : Think tanks et Gender, qui décrit les réussites et les défis auxquels les Think tanks appuyés par l’ITT ont dû faire face dans la lutte contre l’inégalité entre les sexes. Cette série est sous la direction des associés de Gender at Work Carol Miller, David Kelleher et Aayushi Aggarwal, ainsi que de Shannon Sutton du Centre de recherches pour le développement international (CRDI).]

La narration d’histoires m’a toujours intéressée. Une histoire, c’est un moyen éprouvé de transmettre des expériences d’une personne à l’autre. Une histoire, c’est la façon dont on relaie la sagesse à la génération suivante, qu’il s’agisse d’un texte historique ou d’une histoire pour s’endormir, et c’est la façon dont nous, en tant que praticiens du développement, inspirons l’action et le changement. La narration d’histoires m’a amenée à m’intéresser aux communications, et c’est la raison pour laquelle je crois que nous devons intégrer la narration à tous nos plans de projet.

En tant qu’administratrice de programme principale au Centre de recherches pour le développement international, je reconnais également que, même si nous attendons souvent des partenaires qu’ils nous fassent part de leurs expériences de travail, nous avons rarement l’occasion de renforcer nos capacités sur la meilleure façon d’y parvenir. Donc, pour ce projet, une collaboration avec Gender at Work, nous avons décidé de faire les choses différemment. Nous ne nous sommes pas contentés de demander aux participants de rédiger un exposé de politique ou un blogue. Au lieu de cela, nous les avons guidés – ainsi que nous-mêmes – à travers un processus visant à faire émerger des histoires d’impact et de transformation.

En compagnie des cinq think tanks qui participent au Projet d’action-apprentissage sur la sexospécificité de l’Initiative Think tank (apprenez-en plus à ce sujet dans notre dernier blogue sur Le recours à l’apprentissage par l’action pour promouvoir l’égalité entre les sexes), nous nous sommes tous réunis dans la ville de Guatemala en mars 2019 à l’occasion d’un atelier d’écriture, animé par le conseiller en écriture Ethan Gilsdorf. Ethan nous a guidés à travers un processus d’écriture privée, personnelle et publique, nous a fourni des outils et des suggestions pour présenter des idées et nous a encouragés à consacrer du temps à écrire (à la main, au stylo et au crayon !) quotidiennement dans notre journal intime. En fait, ce qu’il a fait pour beaucoup d’entre nous, c’est raviver l’amour de l’écriture et de la narration. Comme le décrit Ethan :

Raconter une histoire, c’est immortaliser une expérience, sous une forme narrative, avec un début, un milieu et une fin. Dans l’idéal, une histoire raconte un parcours personnel. En incluant des situations dramatiques, des conflits et des dilemmes, ainsi que des personnages dont nous pouvons être partisans, une bonne narration donne un sentiment universel à une expérience individuelle et unique et transmet des vérités universelles.

Tout au long de ce projet d’apprentissage par l’action de 18 mois, tous les participants ont exploré une question liée à la sexospécificité dans leur organisation, que ce soit la recherche ou les politiques et pratiques de leur organisation, en documentant le processus et en faisant appel aux éléments probants pour passer à l’action. Par exemple, le Centre for Population and Environmental Development du Nigeria travaille à l’élaboration d’une politique sur la sexospécificité à l’échelle de l’organisation; l’organisme Fundación Salvadoreña para el Desarrollo Económico y Social à El Salvador a établi un nouveau protocole d’entente visant à créer un réseau de femmes salvadoriennes; et le BRAC Institute of Governance and Development au Bangladesh s’efforce d’intégrer les considérations d’ordre sexospécifique dans la conception de l’ensemble de ses recherches et de ses projets. Ces histoires et d’autres encore sont présentées ici, dans cette série de Gender at Work.

Cela m’a fait réfléchir à la raison pour laquelle nous racontons ces histoires, en particulier dans le monde du développement international. Quelques raisons me sont venues à l’esprit et, étant donné la nature participative de cet atelier, j’ai eu l’occasion de soumettre ces idées à l’externalisation à grande échelle.

Tout d’abord, nous racontons des histoires pour donner un sens à nos propres expériences. En réfléchissant sur nos projets, nous parvenons mieux à comprendre nos progrès et ce que nous apprenons. Par exemple, au cours de l’une des séances, j’ai entendu un participant dire :

Nous savons que la sexospécificité n’est pas seulement une question qui concerne les femmes, et je me demande si nous n’aurions pas dû nous concentrer davantage sur des projets qui vont au-delà du rôle des femmes.

La même personne a également fait remarquer qu’elle avait observé que les efforts déployés par son organisation pour renforcer la capacité institutionnelle sur le plan de la sexospécificité avaient eu une incidence majeure sur la jeune génération. En prenant du recul et en prenant le temps de réfléchir à nos expériences, nous commençons à comprendre le processus de changement auquel nous participons et à apprendre comment rehausser au mieux notre propre travail. Comme l’a fait remarquer l’un des participants :

Nous le faisons pour arriver à une compréhension commune de notre expérience collective. Cela nous permet de donner un sens à ce que nous faisons et d’établir des liens avec les autres. Nous vivons des expériences similaires, et cela nous aide à nous rappeler ce que nous avons en commun.

Deuxièmement, la narration d’histoires nous permet d’établir des liens avec des gens que nous ne toucherions sinon pas. Si seulement nous pouvions avoir une conversation en personne avec tous les organismes, les collègues chercheurs, les organismes gouvernementaux et les bailleurs de fonds auxquels nous voulons communiquer notre message ! Malheureusement, nous devons nous efforcer de faire entendre notre voix au-dessus du bruit ambiant, en particulier dans les médias sociaux. En trouvant des moyens de documenter et de publier nos histoires, qu’il s’agisse de billets de blogue ou d’éditoriaux, nous pouvons transmettre notre message à ceux avec qui nous ne pouvons parler directement.

Troisièmement, nous racontons des histoires pour que les autres puissent apprendre de nos expériences, et pour que nous puissions à notre tour apprendre d’eux. Si nous ne trouvons pas un moyen de documenter ce que nous faisons, les autres ne seront pas en mesure d’apprendre de notre travail. La narration ouvre le dialogue sur un sujet et nous permet à la fois de communiquer nos idées et d’interagir avec d’autres personnes qui peuvent nous faire part de leurs propres expériences. Comme l’a dit l’un des participants :

L’essentiel, c’est la révélation qui découle du fait d’entendre l’histoire de quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas les seuls à vivre ces expériences.

Les histoires, et leur processus de narration, peuvent être transformatrices. Que les récits soient professionnels ou personnels, le fait de les partager nous aide à donner un sens à notre monde, à comprendre les expériences des autres, à développer de l’empathie et à inspirer l’action et le changement. J’espère que vous, le lecteur, prendrez plaisir à lire les histoires de cette série, et j’ai hâte de continuer à apprendre de tous nos participants alors qu’ils racontent leur cheminement continu vers le changement organisationnel.

[Ce blogue fait partie d’une série de blogues, Walking the Talk : Think tanks et Gender, qui décrit les réussites et les défis auxquels les Think tanks appuyés par l’ITT ont dû faire face dans la lutte contre l’inégalité entre les sexes. Cette série est sous la direction des associés de Gender at Work Carol Miller, David Kelleher et Aayushi Aggarwal, ainsi que de Shannon Sutton du Centre de recherches pour le développement international (CRDI).]